J'ai terminé
Faims, le tout dernier Senécal, pas plus tard que mercredi dernier soir. Après la défaite du Canadiens 1-3 face aux Big Bad Bruins, j'ai décidé de rester debout un tantinet plus tard, ne me restant que quelques pages à terminer à la plus récente brique senécalienne.
Je vous affirme que j'ai beaucoup aimé. J'étais content de voir Patrick revenir au style noir et obscur pré-Malphas.
Sombrer dans le vice
J'ai beaucoup aimé l'intrigue policière, que j'ai trouvée très bien ficelée.
Faims tire d'ailleurs davantage du thriller que du roman d'horreur comme tel. Cela dit, il ne manque pas de sensations fortes dans ce bouquin, et l'aspect meurtre/horreur de l'intrigue est très bien amené par Misteur Senécal.
Humanus Circus
Une des forces de
Faims réside dans l'accouchement très réussi de tous ces personnages marginaux et assez fuckés qui forment ce mystérieux
Humanus Circus qui vendra perturber la petite ville tranquille (et en général archi moche) de Kadpidi. Chapeau pour ces courts chapitres qui viennent présenter ces 7 bêtes de cirque. La longue description du premier show est impressionnante et met bien la table pour le reste. On aimerait d'ailleurs en avoir un peu plus, par exemple le dernier soir aurait pu être élaboré davantage.
La Reine Rouge is back!
Autre item digne de mention : le tour de force de ramener Michelle Beaulieu et de lui donner une autre vie au sein de cette troupe d'étranges. Ingénieux et très réussi : elle y fitte à merveille et, à la page 233 (du format hardcover) pendant son interrogatoire lorsque Regina balance au policier Joël Leblanc :
Y a pas si longtemps, t'aurais même pas te rendre jusqu'à moi sans que je t'en donne la permission! Y a pas si longtemps, j'aurais pu te transformer en jouet! Y a pas si longtemps, tu serais en train de pleurer devant moi en me demandant pardon!, j'ai carrément eu la chair de poule tellement cette scène était puissante et d'une efficacité redoutable. Idem pour les meurtres assez fucked-up du couple (Kevin et Corinne) pendant l'épisode charnel mettant en vedette Sarratou et Markitos (pages 400-401).
Tout le monde ment...
Faims se veut une vaste réflexion sociale. Le bouquin traite des pulsions de l'être humain (certaines sont refoulées, démenties alors que d'autres pleinement assumées). Le magnifique personnage de Francus sera d'ailleurs le chef d'orchestre de l'émanticipation de ces divers appétits bizarres (violence, luxure, excès, etc.). Qu'on le veuille ou non, tout le monde ment...
Encore Faim
En tournant les pages de
Faims, on se pourlèche de la descente aux enfers des habitants de Kadpidi (le nom de cette ville vient d'ailleurs d'une expression abénaquise :
Kadopidid, qui signifie
Nous avons faim (page 522). Nous sommes autant coupables que le reste de la population de cette ville : nous vivons l'horreur par procuration, et nous nous régalons de tout le mal qui nous est balancé en plein visage par l'auteur québécois.
Sauf (et il y a bien sûr un sauf) qu'après l'arrestation du meurtier au rateau et lorsque Joël rencontre Marie-Eve pour mettre un terme à leur idylle, je me suis mis à réfléchir : Shit, cette histoire qui a été si noire ne peut tout de même pas d'un seul coup se terminer pour une fin toute rose. Ils vont pas nous faire ce coup-là! Une fin hollywoodienne? No fucking way!
Et j'ai continué de lire et j'ai beaucoup apprécié le twist à propos d'Émilie (leur fille), mais l'arrivée du party pour les 50 ans du policier m'a à nouveau traîné vers le bas. I wanted more...
J'avais encore Faim!
BANG! Et c'est à ce moment que Senécal aurait nous fracassé l'esprit avec une finale des plus surprenantes. Par exemple, il aurait fallu que la bonne conscience de Martine (la vétérinaire et épouse du policier) soit beaucoup plus éclaboussée. Sans savoir de qui ça provient, elle aurait pu recevoir pendant la fête un texto l'invitant à aller retrouver un amant à l'hôtel (enfin) et pour Joël, ce dernier aurait pu recevoir un coup de téléphone du poste de police l'informant qu'un autre meurtre a été découvert, question de prouver que tout n'est pas terminé en dépit du départ du cirque... De toute façon, comment cela pourrait-il être possible que tout rentre dans l'ordre si rapidement... Il y a certainement d'autres habitants qui ont été envoûtés par le
Humanus Circus et qui passeront à l'acte pour satisfaire leur appétit...
Enfin, ce 17e roman de Senécal est des plus réussis. L'utilisation du thème du cirque est fascinante. Les référence sexuelles y sont intéressantes, mais il y aurait pu en avoir plus. Un excellent moment de lekture. Tout cela me donne le goût de relire
Le Vide et
Hell.com...
Note : impossible de passer sous silence la superbe couverture de l'artiste Jean-Michel Cholette.
-30-
Muzik pairing :
We're a Happy Family - The Ramones
Disposable Teens - Marilyn Manson
Hungry Like The Wolf - Duran Duran
With Teeth - Nine Inch Nails
From Your Mouth - God Lives Underwater
L'eau Rouge - The Young Gods
Torture - The Cure
Down in the Park - Gary Numan
The Dead of Night - Depeche Mode
Smells Like Teen Spirit - Nirvana
Labels: Bouillon de Kulture, Libromania