And the winner is...
Je suspecte que mon texte ne respectait peut-être pas entièrement la structure classique d'une nouvelle. Si tel est le cas, j'en étais pleinement conscient au moment de soumettre ma candidature. Aurais-je eu plus de chance si j'avais soumis mon histoire dans une catégorie intitulée Anecdote érotique ou encore Carnet cochon ? Car en réalité, Apnée avec OPNI ressemble davantage à une diapositive, à une anectode ou encore à une vignette érotique d'un personnage X dans une situation Y.
Qu'à cela ne tienne, je persiste à croire que le concept derrière mon texte était très original et que mes descriptions ainsi que ma fin étaient hautes en couleurs et bien rédigées. À vous d'en juger... Bonne lecture. Brebis de Dieu s'abstenir !
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Apnée avec OPNI (objet pénétrant non identifié) par Alfred Balcon
Vendredi soir. La semaine avait été longue et pénible, riche en émotions fortes. Comme si ma rupture avec Samuel n’était pas assez difficile à avaler, voilà que la boîte de communications pour laquelle je travaillais depuis deux ans me montrait la porte du bout de son gros doigt corporatif puant. Ciaò bella ! Par chance, mes œufs n’étaient pas tous dans le même panier. Ma pige en rédaction me permettrait de me trouver un appartement rapidement sans avoir à me mettre à genoux devant mes parents pour les prier de me laisser revenir à la maison pour la centième fois (j’exagère à peine). Donc, un menu hyperchargé pour le week-end : trouver un nouveau logement et préparer un déménagement express loin de NOTRE condo, ce lieu maudit. C’est dans NOTRE chambre à coucher que j’avais attrapé mon ex avec Claude. Pas Claude, la serveuse au café du coin, ni Claude, la cousine de Maude, mais Claude, LE fils du concierge. Je n’oublierais jamais leurs visages dégoulinant de sueur lascive en train de faire un 69 selon les règles de l’art dans NOTRE lit. Christ de bordel ! Il va sans dire que j’avais besoin d’un moment de détente.
Contrairement à toutes mes amies, je n’avais jamais reçu de massage. Étrange, mais vrai. Je n’arrivais jamais à trouver le temps et, les quelques fois où j’aurais pu, je n’avais pas les moyens de me permettre ce luxe. Heureusement, mon amie Anouk m’avait offert pour mon anniversaire une séance de massage au SPAradis sur terre. Ce cadeau tombait à point. Malgré mon horaire très chargé, j’avais réservé pour le vendredi soir. J’avais demandé à voir Max, sur les conseils de mon amie.
L’endroit était en plein cœur du centre-ville. Une oasis de détente dans la jungle urbaine : un paradoxe intéressant par les temps qui courent. Lorsque j’ouvris la porte du centre de santé, je sentis déjà le changement d’ambiance. Une douce chaleur y régnait. Je fus aussitôt accueillie par une réceptionniste aux longs cheveux noirs et au sourire charmant. Je me sentais déjà à l’aise. Après lui avoir donné mon nom, je lui tendis mon chèque-cadeau en lui avouant qu’il s’agirait là de mon tout premier massage.
« C’est votre première fois ! », s’exclama-t-elle, ses grands yeux brillants lançant un regard surpris.
« Oui. C’est aujourd’hui le grand jour », lui répondis-je, sentant mon visage rougir légèrement.
« Bien. Je vais aller chercher les documents nécessaires pour ouvrir votre dossier », me dit la réceptionniste. Ce n’est qu’une fois levée que je réalisai à quel point elle était grande. Malgré sa grande taille, elle était très bien proportionnée. Si cela n’avait été de mes récentes découvertes à propos de la palette très diversifiée de Samuel, j’aurais probablement conclu qu’il aurait été fou d’elle en raison de la généreuse poitrine qu’elle offrait à la vue de tous dans son décolleté à faire rougir de honte les mannequins de Victoria’s Secret. Le reste de son corps était tout aussi parfait.
Quelques secondes plus tard, elle était de retour au comptoir le sourire aux lèvres avec mon dossier entre les mains. Elle s’avança discrètement vers moi et me remit mon chèque-cadeau. « Votre premier massage est gratuit, dit-elle. C’est le patron qui en a décidé ainsi. » Un massage sans frais comme cadeau à une nouvelle cliente ! J’étais sous le choc. Je m’attendais à ce qu’il y ait une attrape, mais la charmante réceptionniste sourit de nouveau et m’indiqua où me diriger pour profiter de ma séance.
Je fus surprise par la quasi-obscurité de la pièce. La seule source de lumière provenait d’une bougie accrochée au mur. Au milieu se trouvait la table à masser presque aussi grosse qu’un lit. Elle était recouverte d’un drap blanc repassé à la perfection. La musique était relaxante à souhait. Tout était invitant. Un peu hésitante, j’enlevai mes vêtements et m’allongeai à plat ventre sur la table en me recouvrant jusqu’aux épaules du drap immaculé. Mon esprit passa rapidement en mode détente et mon corps était maintenant prêt à découvrir le doigté sublime de mon massothérapeute.
Après avoir frappé deux petits coups à la porte, ce dernier entra et referma la porte derrière lui.
« Cette douce musique électronique ainsi que cette lumière relaxante vous guideront vers l’extase physique et psychique. Mettez-vous à l’aise, et abandonnez-vous ! », dit-il sur un ton monocorde des plus rassurant.
Il baissa le drap jusqu’à mes fesses et posa ses mains sur mon dos nu. Dès les premiers contacts de sa peau avec la mienne, je me sentis en confiance. Ses caresses étaient douces et précises. Après le dos, les épaules et les bras, ce fut au tour des pieds, des jambes, des hanches et des fesses à recevoir les traitements divins de Max.
J’étais persuadée que plusieurs minutes s’étaient écoulées depuis le début de la séance, mais on aurait dit que, centimètre après centimètre, ses mains avaient tranquillement réussi à rendre mon corps insensible. C’était comme si, à l’aide de sa douce respiration, de ses caresses habiles, de la musique et de la lumière ambiantes, cette expérience devenait envoûtante.
Max s’éloigna de mon corps pour quelques secondes. Selon ce que m’avait expliqué Anouk, je compris aussitôt qu’il était allé chercher une chaise pour s’installer au bout de la table derrière moi afin de me masser le crâne. À ce stade-ci, j’étais couchée sur le dos. Il posa ses paumes sur ma tête et couvrit mes paupières de ses longs doigts. Dès les premières secondes de ses caresses crâniennes, je me sentis emportée par une nouvelle vague de plaisir. Je me sentais si légère que j’avais l’impression de m’être détachée de mon corps, de flotter dans les airs à quelques centimètres de la table, de léviter. Mes frustrations avec Samuel s’étaient déjà volatilisées. J’étais loin de lui pardonner ses actes, mais pour l’instant ces derniers prenaient des proportions moins démesurées qu’avant mon arrivée. Je voyais la vie sous un autre angle, d’une autre façon : plus calme, plus zen.
Les mains de Max qui me caressaient le cou depuis plusieurs minutes descendirent vers mes épaules, sans toutefois vouloir s’arrêter là. Elles semblaient parties à la recherche de quelque chose de plus privé, de plus secret. Ses doigts soulevèrent habilement le drap blanc pour aller recouvrir mes seins. Qui aurait cru que cette partie de mon corps aurait fait partie de son itinéraire massothérapeutique ? J’étais à la fois confuse et surprise et, dans les circonstances, mon sens des réflexes était quelque peu altéré. Je me sentais comme une fêtarde aux facultés affaiblies au volant de son véhicule. J’ouvris donc les yeux.
En temps normal, je serais probablement morte de peur en raison de ce que mes yeux venaient de détecter. Avant même de faire quoi que ce soit d’autre, de crier au meurtre ou encore de me lever et de me sauver nue dans la rue, mes yeux se refermèrent et s’ouvrirent de nouveau pour valider l’image qui avait été captée par mon cerveau. Rapide tour d’horizon autour de moi : j’étais encore dans la même pièce, éclairée par la douce lumière de la bougie, avec la même musique électronique.
Je ne rêvais pas. C’était bel et bien vrai. Mon attention se concentra sur Max. Celui qui venait de parcourir la presque totalité de mon corps et qui s’apprêtait à en explorer les parties les plus intimes n’avait rien d’un être humain. C’était un extraterrestre, une créature verte directement issue d’un épisode de X-File. J’étais encore couchée sur le dos à ce moment-là et, même si je regardais Max à l’envers, il était impossible que mes yeux fassent erreur. Sa peau était bien verte, et elle avait beau avoir l’aspect de celle d’une grenouille, elle gardait toutefois la même texture que celle d’un humain.
Ses yeux jaunes brillaient dans la salle à moitié obscure. Il dépassait certainement deux mètres. Une partie de moi voulait s’enfuir en courant, tandis que l’autre désirait rester, curieuse, excitée.
On aurait dit qu’il sentait le désir monter en moi. Et si je restais ? Ses caresses avaient été extraordinaires jusqu’à présent. Au même moment où une série d’images sexuelles défilaient rapidement dans mon esprit, je m’aperçus que ses mains avaient entrepris leur descente vers mon sexe. Lisait-il dans mes pensées ?
À ma grande surprise, j’étais extrêmement mouillée, consentante, prête à explorer cette nouvelle forme de plaisir. Ses doigts étaient longs et habiles et d’une dextérité extraordinaire. Leur pénétration fut instantanée. Sublime. Ces derniers ne se limitèrent pas seulement à effectuer un simple mouvement de va-et-vient dans mon vagin. Toutes les parties de ma fleur sauvage étaient touchées, chaque recoin de mon jardin secret stimulé. Je n’avais jamais été touchée ainsi. Pas même par Samuel.
Il augmenta la cadence et je savais que le plaisir allait bientôt me submerger. Personne sur terre ne pouvait battre cette performance. J’étais couverte de sueur. Plus vite Max, plus fort… Mes mamelons étaient durs comme du roc et mes hanches tremblaient au rythme de ses adroites manipulations. Première jouissance. Et comme si ce n’était pas assez, Max poursuivit son excursion génitale, mais cette fois-ci avec sa bouche. Il introduisit une longue langue bleue dans mon sexe et me revoilà repartie. Sa langue était chaude et je la sentais m’envahir dans tous les replis de mon intimité. Elle tournait, pivotait, sortait et entrait à nouveau. Elle stimulait les petites lèvres, puis les grandes. Elle s’enroulait autours de mon clitoris comme un serpent autour de sa victime. J’étais assoiffée, déchaînée, insatiable. Je voulais que le plaisir m’emporte et fasse trembler chacune des parcelles de mon corps bouillant. Je voulais hurler sous les caresses divines du monstre.
La créature retira sa langue de ma bouche d’en bas et la passa habillement entre mes fesses pour stimuler cette partie de mon anatomie encore inexplorée à ce jour. Il lécha ma raie d’une extrémité à l’autre et enfonça sa langue dans mon orifice. Mon anus n’offrit aucune résistance et malgré le fait que cette pratique était toute nouvelle pour moi, je m’abandonnai rapidement à ce plaisir interdit. Sa langue se mit rapidement au travail et je la sentis bientôt au plus profond de mes entrailles. La sensation était tellement forte que je voulais me masturber pour l’aider à me faire jouir plus vite. J’aurais voulu que le Martien me pénètre, mais son corps semblait être dépourvu d’organes génitaux. Mon cœur battait à une vitesse ahurissante comme s’il s’apprêtait à sortir de ma cage thoracique.
Le moment tant attendu arriva enfin. Je fus secoué par un deuxième orgasme d’une force et d’une puissance incommensurables. On aurait dit qu’il avait été procuré un soir d’orgie, par mille et une queues ardentes.
Quelques secondes plus tard, j’étais de nouveau seule dans la pièce. Il aurait été facile de croire que tout cela n’avait été qu’un rêve, mais mes jambes tremblantes, ma respiration haletante ainsi que mon sexe encore en feu me prouvaient bien le contraire. Cette expérience restera avec moi à jamais et sera sans contredit l’aventure la plus folle qu’une femme ait jamais connue.
En sortant de la pièce, je m’arrêtai pour dire au revoir et merci à la réceptionniste.
« Je dois avouer que je me suis beaucoup détendue. Je comprends pourquoi Max est vraiment extraordinaire », dis-je, encore secouée.
« Je suis désolée, mais Max n’a pas pu se présenter au travail aujourd’hui. Il venait de téléphoner pour se décommander, quand vous êtes sortie de la pièce. Veuillez excuser ces quelques minutes d’attente », répondit la réceptionniste en passant un coup de langue bleuâtre sur ses lèvres charnues. « Je peux vous donner un rendez-vous avec Max vendredi soir prochain à la même heure, si vous le désirez », poursuivit-elle, le regard complice. C’est avec un mélange de confusion et d’excitation que j’anticipais déjà ma prochaine visite…
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