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Thursday, September 08, 2016

Nouvelle chronique Word Dépôt - Chronique d’un bord de fenêtre (WD-01)

Ça aurait pu très bien se passer dans une maison de débauche ou encore dans une salle d’amusement, mais le tableau que je m’apprête à vous dépeindre prend plutôt place dans un hôpital, véritable fast-food des soins de longue durée, avec ses différents lieux de (sur)vie qui servent de chambres, et qui, avec le temps, on dirait s’incarnent, c’est-à-dire semblent prendre vie, comme si l’espace dans lequel tous ces patients mijotent, comme dans un stew de sérums et d’antibiotiks en vrac, dont les murs sont fucking spray paintés au Bengay, développe son propre pouls, ses propres battements de cœur, contracte ses propres Clostridium difficile à saveur de blanc-manger, forge sa propre personnalité comme une couronne de seringues sur le crâne du Christ, espace dont les bords de fenêtre représentent la seule vizion que ces prisonniers du système de santé ont sur la vie extérieure, avec ses pages de Journal de Montréal sifflant au vent tachées de divers liquides organiques radioaktifs et qui ressemblent à un cimetière de syllabes orphelines, avec ses vieux verres de jus d’orange comateux réchauffé par les rayons du soleil qui servent de bains tourbillons aux mouches contagieuzes qui confondent notre surface cutanée pour leur piste d’atterrissage d’urgence, on dit que les fenêtres ne peuvent pas être laissées trop ouvertes ici afin d’éviter que les matriculés se lancent dans le vide, afin de pimper leur date d'expiration, avant d’atterrir comme une crêpe aplatie sur les toits des ambulances stationnées n’attendant que le prochain appel de service pour troquer Candy Crush pour la route sous les applaudissements exagérés des gardiens de sécurité en tutus rozes qui lèvent leur carton de pointage pour coter les vols planés des kaskadeurs intubés, tandis que les jolies préposées, que je ne vois plus du tout du même œil depuis que je regarde Grey’s Anatomy avec leurs escapades fornicatrices dans les garde-robe insalubres du centre hospitalier avec les chirurgiens en chef en attendant que leurs pagettes vibrent comme les queues de leurs supérieurs au plus profond de leurs entrailles syhilliques ou que le prochain patient sonne sa cloche pour faire changer sa couche remplie à rebord de diarrhée post paté mexicain, se trémoussent le smoke meat dégoulinant de foutre dans leurs uniformes mauves moulants, tout en faisant leur tournée last call dans les corridors obscurs avant de fermer boutique sur une autre misère de journée qui s’achève, pour changer ceci, remplacer cela, prendre la température de monsieur, changer la sonde de madame, se mettre des beaux petits bleus caoutchoutés pour administrer un suppositoire de fin de soirée dans le rectum en charpie d’un éternel constipé, tel le projectile à tête chercheuse d’un kamizake s’immolant dans un bunker insidieux de chair avariée, qui préférerait passer l’arme à gauche que de se faire manipuler comme un rat de laboratoire dans l’aquarium de sa misère pestilentielle, sachant anyways qu’il ne verra pas le prochain levé du soleil, voilà donc un autre 50 dollars de frais de séjour bien investi porté à sa marge de crédit déficitaire dont la succession aura le plaizir de s’acquitter une fois le crapet incinéré…

-30-

Muzik pairing:

Disposable Teens / Marilyn Manson

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