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Wednesday, August 20, 2014

Station 2 Station : CHOIZIR SA MORT (et l'art de l'impozer aux autres)

Métro Cartier, Laval, beaucoup trop tôt le matin…

Je gare ma voiture à mon spot habituel. Une fois les portes verrouillées, je marche en direction du métro. Un chat noir (la tête, le ventre, les pattes et la queue) et blanc (le bout des pattes et des oreilles) traverse la rue à toute vitesse sans daigner regarder si une voiture se pointe d’un côté ou de l’autre. Je tiens ma respiration. Minet écervelé se rend enfin sain et sauf sur le trottoir adjacent et une fois que ses 4 pattes touchent le ciment carrelé, je respire à nouveau…

Je descends la rue vers le métro. Un dame à la casquette mauve et au pyjama à motif des années 60 étend son linge sur la corde, malgré les nuages qui menacent de bousiller son opération séchage. Un doux parfum de citron flotte au-dessus de son balcon et se fraye un chemin jusqu’à mes narines. Les oiseaux chantent a capella. Je passe devant les distributeurs de journaux du matin, sans rien prendre. J’ai assez à lire dans mon sac pour le moment.

Une fois entré dans le métro, je descends les marches (livres à fondre obligent), deux par deux et passe les tourniquets. Mais avant de m’engager vers la passerelle, le karnet de la veille de Jean Tremblay à propos du suicide se reload automatiquement dans mon esprit comme une alarme de réveille-matin. Ding!

La personne qui a tenté de s’enlever la vie hier a-t-elle réussi son coup? A-t-elle succombé à ses blessures ou a-t-elle été sauvée au grand désarroi de sa mission suicidaire amèrement avortée?

Soudainement, je regarde les gens passer à côté de moi. Devant moi, il y a le jeune couple qui se tient par la main et qui se french-kiss à qui mieux mieux avant de se laisser pour une autre journée de dur labeur. Juste à côté, un mec ultra trop sportif, la crinière remplie de gel cheap, les bras plus découpés qu’un cadre de porte en pleine opération peinturage. Derrière moi, une petite dame au dos arqué, marchant à pas de tortue, tente désespérément de rejoindre le quai avant l’arrivée du prochain train, l’expression de son faciès étant directement proportionnelle à la souffrance kauzée par ses pauvres chétives jambes chambranlantes.

Ces personnes sont-elles des bombes à retardement? Sont-elles heureuses seulement aux yeux du publik, mais retombent dans leur dépression quotidienne une fois la porte de leur logis verrouillée derrière eux?

Et la personne d’hier, pourquoi a-t-elle choisi le métro pour mettre fin à ses jours? Pensons un instant comment s’y sont prises dernièrement certaines célébrités : la femme de Mick Jagger s’est pendue avec un foulard, idem pour Robin Williams, mais lui c'était avec une ceinture. Kurt Cobain? Avec un revolver. Bang! Et que dire de Nelly Arcan trouvée sans vie au cœur de son oasis de création. Mais qu’ont donc en commun tous le cas rapportés ici-haut? Ils/elles se sont tous enlevés la vie dans le (dé)confort de leur foyer. Tout seul au monde, inondés par un tsunami de self-mépris.

Alors pourquoi choisir un lieu publik comme le métro pour s’enlever la vie? Pourquoi, en plus de mettre fin à ses jours, faut-il du coup paralyzer toute une ville? Est-ce comme une sorte de douce vengeance contre une société qui nous a abandonné/méprizé/torturé? Un peu comme quand les grévistes bloquent des rues pour revendiquer leurs droits?

Dans ce même (dés)ordre d’idées, il est surprenant de voir komment d’autres lieux publiks ont été jusqu’ici ignorés pour ce genre de sortie morbide théâtrale...

Imaginez :
À la piscine publique : en plus de s’enlever la vie, on gâche les vacances estivales des baigneurs…
Lors d’un mariage : un personne se tire une balle dans la tête pendant la danse d’ouverture, aspergeant la robe de la mariée de notre rivière rougeâtre ou encore une personne s’empoisonne avec un flacon de pilules en face de la fontaine de chocolat…
Durant un match de hockey : qqn se jette en bas des gradins, juste aux pieds Orange Krush de Youppi. L’occasion idéale pour enfin passe à la TV. Suicide sur écran géant… Lunettes 3D en sus…
Parade du père Noël : se jetter en bas du balcon d’un gratte-ciel pour venir s’écraser dans le traineau de Saint-Nicolas, traumatisant chemin faisant tous les petits présents… Bad Santa!

Et j’en passe…

Oui, le suicide est un geste horrible, malheureux qui devrait ne plus survenir de nos jours avec toute l’aide qui peut être apportée aux gens qui souffrent de dépression chronique et qui sont dans le besoin. Mais ceux et celles qui ne peuvent empêcher leurs élans self-meurtriers, à la manière d'une grenade désamorcée ou encore d'une attak de diahrée, ne devraient-ils pas le faire discrètement, en privé (mais là ô chers lekteurs, j’entends déjà les voix se lever pour me pointer du doigt, comme une mitraillette sociale, scandant à l’unisson que devant l’inévitable, devant l'appel de la Noirceur, lorsque tend la main la Faucheuse, lorsque le déklik se fait et bien que rien, rien, mais absolument fucking rien au monde ne peut arrêter ce geste sans lendemain de se concrétiser et d’engendrer la naissance d’une mort non annoncée…), sans pour autant empoisonner les autres de leur souffrance?

Exit.

Karnet 3 / BOT 2014.2

-30-

Muzik pairing :




 + Mourir des French B.

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