Bouillon de kulture : 22h22 / Ariane Moffatt (38)
Pour faire suite au très viscéral et charnel MA, Ariane Moffatt nous revient en splendide forme avec le lumineux et ô combien personnel 22h22, le cinquième album (avec sa magnifique pochette aux couleurs violacées) de l’artiste montréalaise.
Cette nouvelle livraison joue sur la dualité, à savoir son rôle de mère/son
statut d’artiste, la nuit/le jour, l’organique/le synthétique, le
piano/l’électro, le rêve/l’éveil.
La thématique entourant la toile de
fond de 22h22 (le titre du CD) est riche et est exploitée avec brio ici. 22h22,
c’est l’heure qui a inspiré Ariane à reprendre le chemin vers le studio
d’enregistrement et 22h22, ça représente également autant le couple que les
jumeaux qui sont au cœur de la (nouvelle) vie de la musicienne
multi-instrumentaliste. Le résultat? Un album-concept envoûtant qui respire le
bien-être et la sérénité, une palette muzikale injectée de dream pop, de
silences confortables et d’atmosfères ambient, avec ses nappes de claviers
d’une efficacité renversante. À la fois très différent et brillant. Étant moi-même artiste, j'ai beaucoup aimé la démarche derrière le retour d'Ariane qui se veut un tremplin d'inspiration pour toute personne qui mène plus d'une vie de front...
Mais avant de vous laisser avec un
petit guide piste-par-piste de 22h22, je souligne les manquements
suivants :
Comme j’ai trouvé beaucoup de
ressemblances avec le son de Depeche Mode, il aurait été intéressant comme DM a
fait par le passé d’offrir quelques pistes instrumentales qui, en gardant
l’essence sonore de l’album, aurait pu proposer quelques expérimentations
électro/ambient plus poussées comme seule Ariane sait le faire (genre intro/outro). Dans le même
ordre d’idées, un peu à la sauce de Hotel de Moby, des pistes
supplémentaires à saveur électro/techno/ambient auraient pu se retouver sur un 2e CD dans le
cadre d’une version Deluxe à tirage limité.
Également j’ai ressenti qu’il
manquait ici un tantinet de la densité et du groove de l’effort précédent MA (par exemple, les effets de voix au vocoder de La pluie et le beau temps).
- 22h22 : cette pièce met la table de façon admirable pour la suite des choses. Les claviers new age et les différentes pauses tout au long de cette piste sont succulents. C’est sans contredit la colonne vertébrale de cette livraison.
- Rêve : musicalement, c’est le petit frère de Mon corps (MA). J’aime l’ambiance onirique qui est installée ici.
- Nostalgie : une ode à sa nouvelle vie. Passage obligé. J’adore la section rythmique (hypnotique) de cette piste et la saveur imaginaire de ses paroles.
- Debout : premier single de 22h22. Cette chanson est une belle lettre d’amour à Florence, sa conjointe et mère de ses enfants. Une pièce dansante d’une efficacité redoutable. Nos pieds s’agitent, c’est plus fort que tout, c’est comme ça…
- Les tireurs fous : ici Ariane montre un peu les dents à la lueur des récentes fusillades qui ont fait la une des quotidiens (Ottawa, Charlie Hebdo, etc.). Elle essaie de protéger ses enfants contre la violence qui ravage la planète. Le titre le plus engagé de l’enregistrement. Efficace et touchant.
- Retourner en moi : pièce planante et minimaliste. L’enrobage des claviers est très intense avec un beau crescendo énergique vers la fin de la piste.
- Domenico : chanson ayant comme thème l’itinérance. Retour en mode piano-voix qui offre un pont intéressant dans la séquence des titres. Les claviers planants y sont sublimes.
- De mort à vivant : belle prise de conscience par rapport aux deux petits amours qui garnissent dorénavant son existence. La transition entre les rythmes (lent/rapide) est intéressante.
- Miami : autre titre hautement dansant de l’album, c’est sans contredit la toune la plus pop d’Ariane à ce jour. C’est une espèce de blend entre du vieux Madonna et Abba. Étrange et catchy, ça prend toutefois quelques écoutes avant de l’apprivoiser.
- Matelots et frères : Avec 22h22, un autre moment fort de l’album avec l’échantillonage des voix des jumeaux ainsi que son piano expérimental. Riche et innovateur.
- Les deux cheminées : une autre piste qui joue avec la symbolique du chiffre 2. C’est autant l’histoire d’amour du couple qu’un clin d’œil aux deux matelots et frères. Ses séquences de synthés sont trippantes.
- Toute sa vie : autre belle innovation que ce cœur magique constitué d’une cinquantaine de voix d’internautes et fans. Un beau cadeau pour boucler la boucle.
-30-
Karnet 220 (c'est drôle, il y a beaucoup de 2 ici aussi...) / BOT 2015.1
Labels: BOT 2015.1, Bouillon de Kulture, My Disk of Ze Week, Myjukbox
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