Le blogue est-il mort? - Réponse à Nathalie Collard (La Presse)
J’ai lu lundi avec beaucoup
d’intérêt sur Cyberpresse le papier de Nathalie Collard à propos du sujet cité
ci-haut en rubrique.
Le blogue est-il mort? Excellente
question. La réponse, toutefois, est moins évidente… Entoucas, le mien est bien vivant!
Il ne fait pas l’ombre d’un doute
que le blogue n’est plus ce qu’il a déjà été, il y a de cela disons 10 ans. Le
fait que les modes changent et passent et que d’autres plateformes attirent
davantage les foules, citons ici l’exemple de Twitter, explique en partie
pourquoi le blogue s’est un tantinet essoufflé ces derniers temps. L’autre
partie du pourquoi réside dans le fait que comme le temps est de l’argent,
plusieurs blogueurs ont perdu la flamme que nécessite la préparation de carnets
sur une base régulière. Ces derniers préfèrent mettre leurs efforts sur des
trucs qui mettent du nutella sur le pain…
Le ralentissement du blogue est en
quelque sorte triste puisque ce dernier met souvent en lumière des plumes
chevronnées qui ont des choses passionnantes à raconter et qui sortent du
carcan rigide des médias traditionnels.
Pour être un rédacteur magazine qui
œuvre dans cette industrie depuis bon nombre d’années (Taxxi, Speed, FA,
Primeurs, Homme, Summum, Summum Girl, Flèche), je sais très bien que pour qu’un
sujet soit accepté dans les pages d’une quelconque publication, ce dit topo
doit être vendeur (aux yeux des responsables de l’édition) selon une grille de
critères propre à chaque revue, à savoir pertinence, intérêt, public-cible,
timing, etc. Pour publier un sujet, il doit y avoir un signe de piastre
accroché au bout… Or, il n’y pas que les trucs mainstream et vendeurs qui ont
de la pertinence en terme de contenu. Combien de fois cela m’est-il arrivé de
voir le retrait d’un de mes papiers (l’exemple de mon texte sur les French Best gravé à jamais dans ma mémoire) au profit d’une pub payante, d’un publi-reportage
moche ou encore d’un échange de bons services avec Pierre-Jean-Jacques en retour
de je-ne-sais-trop-quoi dans le futur, mais qui encore une fois est synonyme de
lectorat et de signes de piastres empoisonnées…
Et voilà exactement ce à quoi le
blogue répond : une plateforme de publication de contenu qui ne découle pas
nécessairement d'une commande, mais qui vient nourrir la curiosité et l’intérêt
d’un web-lectorat établi et ce, à propos de sujets/opinions qui ne sont pas
toujours manchette material.
Pour ma part, mon blogue/labo a
toujours été le prolongement de mon imagination, une plateforme qui me
permettait de publier ce que je ne pouvais pas vendre ailleurs (chronique,
poésie, fiction, états d’âmes), en plus d’agir à titre d’atelier d’expérimentation
littéraire au sens large, bref un tremplin vers de nouveaux horizons
d’écriture. Souvenez-vous que j'ai parlé de la fusillade de Dawson pendant le feu de l'action... François Fortin de CKOI m'avait laissé un commentaire sur mon blogue le jour-même pour me remercier de mon billet, lui qui faisait de la recherche pour parler de ce sujet en ondes.
Par exemple, où aurais-je pu publier
la présente réplique? Magazine, jamais de la vie. La presse écrite est remplie
de petites cliques, qui sont très difficiles à percer surtout lorsqu’on parle des
quotidiens. Combien de fois ai-je tenté ma chance par le passé au cahier Sortir
de La Presse ou encore au Journal Métro. On me sert toujours la même
réponse : il faut des trucs qui sortent des sentiers battus, ce qui clash
souvent avec le contenu qui est présenté dans ces mêmes pages…
Aussi, disons qu’il est 23h00 un
vendredi soir et que je revienne d’une petite expo local de photo
extraordinaire (je parle ici de mon carnet sur la Californie). Où est-ce que je
peux parler de mes impressions mis à part sur Facebook et Twitter? Quel quotidien
ou magazine voudra en parler? Bien sûr, il aurait fallu y penser avant.
Plusieurs mois à l’avance même dans le cas d’un mag, mais la vie est faite de
spontanéité et l’art du blogue est exactement celui de publier à n’importe quel
moment et à propos d’un firmament de sujets, ce qu’aucun autre média peut
permettre de faire.
Autre truc passionnant à propos des
blogues est qu’il permet de suivre l’univers d’une personne/artiste et de pouvoir
se tenir au courant à propos des nouveautés entourant ce projet. Exemple :
Ariane Gélinas ou Clair/Obscur.
Bien que je ne suis pas payé pour
publier sur uzinamo, je réussis à faire du troc (item de presse (livre, expo,
arts) en échange d’un commentaire sur mon labo. Mais je travaille présentement
à possiblement publier un best of de mes carnets sous la forme d’un bouquin
accompagné de diverses formes d’art (photo, dessin) pour en faire un produit
alléchant aux yeux d’un éventuel éditeur (ou s’il y a des gens richissimes qui
me lisent présentement dans l’auditoire et qui seraient prêts à me donner
quelques dollars pour faire avancer ma démarche artistique – vous savez où me
trouver), ce qui en bout de ligne pourrait se traduire par des dollars pour
l’ensemble de mon œuvre carnetière…
Enfin, je me désole de voir que les
blogues ont tellement perdu de plumes pour toutes les bonnes raisons énumérées
ci-haut. Imaginez si des artistes tenaient, ne serait-ce qu’un simple journal
sur leur site web (Moby le fait), il serait passionnant de suivre un peu leur opinion/projet au quotidien et ce, à la manière d’un blogue… J'espère que comme le vinyle, cette mode reviendra en fucking force... Blog on!
Karnet 201 / BOT 2015.1
-30-
Muzik pairing:
Europe Endless - Kraftwerk
Labels: Blogue Story et cie, BOT 2015.1
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